Illustration du crack des jeux vidéo de 1983

Parmi les dates clés de l’histoire du jeu vidéo, 1983 est souvent citée. Et pour cause : elle est associée à un crack qui aurait pu mener à la fin du média. 

Aujourd’hui, le jeu vidéo est plus qu’un simple divertissement. Il est considéré comme un média à part entière, à la fois intergénérationnel, offrant un large choix de titres et de héros devenus légendes de la Pop Culture. Mais cela n’a pas toujours été le cas. 

Comme tous les éléments forts du divertissement, qu’il s’agisse du cinéma d’animation, du streaming ou même d’Internet, le jeu vidéo a eu aussi ses débuts, ses hauts et ses bas. Cependant, un événement a laissé une empreinte indélébile sur son histoire.

Exemple de jeu vidéo vendu en 1979

En effet, cette date marquera un tournant dans la production car elle est liée à ce qui se rapproche le plus de la “mort” des jeux vidéo. Cette date, c’est 1983 et pour bien comprendre son importance dans l’industrie, il faut remonter le temps jusqu’aux origines du désormais légendaire “Crack des jeux vidéos”. 

Le jeu vidéo : considéré comme un jouet jusque dans les années 80

C’est dans les années 70 que le jeu vidéo fait ses débuts, tout d’abord dans les salles d’arcade. Fortes de leur succès, les premières consoles de salon font leur apparition quelques années plus tard, vers 1975

D’ailleurs, même si la guerre des consoles est toujours d’actualité aujourd’hui, elle était déjà présente à cette époque. Mais cette guerre était plus une guerre des fabricants de jouets qu’une guerre des éditeurs. 

La console Intellevision de Mattel

En effet, jusque dans les années 80, le jeu vidéo est presque un jouet comme les autres. Destiné à un public de jeunes enfants, ce marché est porté par de grands noms comme Mattel, Atari ou encore Coleco. De plus, les produits sont proposés également dans les magasins de jouets (tant les consoles que les jeux). 

Les invendus renvoyés aux développeurs 

Étant assimilés à des jouets, les jeux vidéo sont également soumis à des réglementations particulières. Celle qui aura un rôle majeur est la règle du consignement. 

Concrètement, quand un jeu n’est pas populaire, de nombreux invendus restent dans les rayons. Mais dans les années 70 et 80, les magasins peuvent les renvoyer aux différents développeurs. 

Et ce point jouera un rôle clé dans les événements de 1983. 

Pourquoi le crack des jeux vidéo survient-il en 1983 ? 

Un marché sursaturé et victime pour certains d’un “effet de mode”

Au vu du succès des salles d’arcade, les industriels tentent de surfer sur cette tendance. De fait, ils enchainent les sorties afin que le public puisse acheter toujours plus de jeux. 

Trop de consoles et de jeux dans les rayons au début des années 80

Toutefois, cette surproduction a un effet inattendu. Le début des années 80 est synonyme d’un déferlement de jeux. À tel point que l’un des responsables de Mattel aurait déclaré dans un entretien que “2 ans de production de jeux vidéo aurait été proposé sur seulement un an”. 

Mais les joueurs ne peuvent pas suivre cette frénésie. De plus, il n’existe aucune règle en matière de copies de licences. Du coup, de nombreux jeux inspirés par un titre phare sortent. Les copies de Pac-man, de Space Invaders ou de Breakout sont légion et cela génère un manque de diversité. 

Des jeux trop chers et souvent peu accessibles au grand public

Un autre point à prendre en compte est le prix de ces nouveaux supports. Même à l’époque, accéder à une console de salon était un luxe. 

À titre d’exemple, la Mattel Intellevision coutait 300 dollars à son lancement en 1979. Or, cela équivaudrait à plus de 1 200 dollars aujourd’hui en prenant en compte l’inflation. Le constat est le même avec l’Atari 2600. La console coutait 1 790 Francs à son lancement en France, soit 700€ aujourd’hui (toujours avec l’inflation). 

Quant aux jeux, ils étaient eux aussi assez chers. Et il n’existait à l’époque aucune vraie image, test ou avis pour savoir ce que l’on achetait. De fait, les rares joueurs qui pouvaient s’offrir des jeux étaient souvent déçus à l’arrivée.

Cela accentuera la lassitude du public. Et la presse voit cette baisse d’intérêt comme la fin de la “mode des jeux vidéo”

Une production de piètre qualité qui marquera surtout les États-Unis

Le dernier point majeur de ce crack est la qualité des jeux proposés. Pour la plupart des titres, il s’agit de portages de jeux déjà existants en version arcade. Toutefois les capacités techniques des consoles sont loin d’être à la hauteur de ce qui est proposé dans les salles. 

Un jeu Pac-man sorti sur Atari 2600

De fait, de nombreux titres subissent des pertes sévères tant sur leur design que sur la fluidité de leur gameplay. À partir de 1980, les éditeurs vont ainsi multiplier les portages de mauvaise qualité. 

Pire encore : des jeux ayant une durée de vie particulièrement courte ou très moches graphiquement vont voir le jour. L’exemple le plus célèbre est d’ailleurs E.T sur Atari 2600. Et à cause de la règle du consignement, des millions d’exemplaires invendus sont renvoyés à des studios déjà en grande difficulté financière. 

L'un des écrans de jeu d'E.T sur Atari 2600

Les jeux vidéo sauvés en 1985 grâce à… Mario ?!

Tous ces évènements, dont l’enfouissement de milliers de cartouches E.T dans le désert du Nouveau Mexique, surviendront en 1983. Néanmoins, le crack des jeux vidéo ne concerne qu’une partie du monde. 

Ce sont principalement les États-Unis qui sont touchés par ce crack à cause notamment de la règle du consignement. Mais l’Europe n’est que faiblement concerné par celui-ci et le Japon n’en a même pas subi les conséquences. Et c’est justement du Japon que l’intérêt du public pour les jeux vidéo reviendra. 

La NES, vraie révolution qui relancera la production

Si le monde du jeu vidéo reste calme au milieu des années 80, l’arrivée de la NES en Europe et aux États-Unis va relancer la donne. Plus accessible que ses concurrentes, elle propose surtout des titres originaux et de qualité à commencer par Super Mario Bros. 

Le premier opus des aventures du célèbre plombier fera le succès de Nintendo et participera au renouveau de la firme. Et pour éviter une autre crise majeure, les sorties sont désormais étalées afin d’obtenir un quota annule. Enfin, le “Seal of Quality” permet d’officialiser la sortie des jeux afin de ne pas proposer d’autres titres de mauvaise qualité. 

Justine
Rédactrice passionnée depuis plusieurs années mais fan de jeux vidéo depuis ma plus tendre enfance. Dresseuse Pokémon à temps plein et chasseuse de montures rares, vous me croiserez à coup sûr dans les mondes peuplés de dragons.